d’un organisme, et permet par les mécanismes d’expression du génome, de
coder des protéines
qui, une fois assemblées, vont constituer les êtres vivants. En se transmettant, il permet la
réplication
des êtres vivants.
Il est constitué de très longues chaines de nucléotides, qui se différencient seulement par l’enchainement de 4 bases nucléiques
A, T, C, G
(Adénine, Thymine, Cytosine et Guanine).
L’ADN est aussi vieux que la vie elle-même (3,5 à 4 milliards d’années).
Notre « ancêtre » commun, une cellule unique appelée
LUCA
(Last Universal Common Ancestor) contenait le premier ADN dont sont issus tous les êtres vivants actuels (animaux, plantes, champignons, bactéries, virus, etc.). Arbres, poissons et humains partagent tous ces mêmes « doubles hélices » d’ADN. Au-delà de la structure commune, le contenu (l’enchainement spécifique des nucléotides) est également proche : nous, humains, avons
98.4% de nos séquences d’ADN en commun avec le chimpanzé
, 82% avec l’ornithorynque, 47% avec la mouche drosophile ou même 18% avec la levure de bière.
Dans la nature, des
mutations génétiques
se produisent en permanence. Elles sont
aléatoires
et peuvent apparaître
tout au long de la vie
, sur n'importe quelle cellule. Lors des duplications cellulaires, l’ADN est copié, et si dans ce processus une des 4 bases (A, T, C, G) a été remplacée par une autre, la séquence des nucléotides, et donc l’
information génétique
,
se trouve modifiée
, ce qui peut avoir différentes incidences :
Si la mutation touche une
région non codante
ou redondante de l'ADN, elle n’aura pas de conséquences pour l'organisme, on parle de
mutation silencieuse
.
Si la mutation se fait
durant la méiose
, elle pourra
se transmettre à la descendance
.
La méiose est une étape de la reproduction sexuée. C’est le mécanisme de
brassage génétique
(« crossover ») qui consiste à recombiner aléatoirement les allèles des deux brins d’ADN d’un chromosome, afin d’en produire un brin d’ADN simple (un gamète) qui sera ensuite utilisé lors de la reproduction sexuée : la « fécondation » étant la fusion d’un gamète mâle et d’un gamète femelle.
Une mutation lors de la méiose, transmise par le gamète au « zygote » (la cellule « œuf », point de départ du nouvel individu) sera ainsi
généralisée
lors de l’embryogénèse. En effet, à partir d’une
cellule unique
, elle sera
dupliquée à chaque division
, se transmettant à chaque nouvelle cellule de ce futur individu. Cette mutation, si elle est viable, pourra alors être héréditaire (transmise à toutes les générations suivantes). Cependant les mutations viables sont minoritaires (les mutations sont des erreurs de copie aléatoires) et
70% des fécondations finissent en fausse couche
avant même de pouvoir former un embryon,
la mutation étant incompatible avec la survie
de l’organisme. On ne sait pas à l’avance pour un nouveau gène apparu par mutation s’il sera défavorable, ou plus favorable que l’ancien, c’est principalement la
sélection naturelle
qui déterminera son adéquation avec l’environnement et ainsi l’évolution ultérieure de sa fréquence dans la population.
Certaines mutations sont bien connues, par exemple la modification d'une seule base du gène β-globine (qui sert à produire l'hémoglobine) est responsable de la drépanocytose, une
maladie génétique
parmi les plus répandues dans le monde, et de nombreuses autres maladies sont également dues à la mutation d’un seul gène (Mucoviscidose, Myopathie, Maladie de Huntington, Hémophilie A, Neuropathie optique de Leber, Phénylcétonurie, etc.).
Si la mutation se produit
au sein d’une cellule
et qu’elle n’est pas silencieuse, elle aura un impact limité, ou pourra éventuellement provoquer la mort de cette cellule. Très rarement, la mutation pourra entraîner une
prolifération anormale et anarchique
, faisant évoluer la cellule en
cellule cancéreuse
.
Les
mutations sont primordiales
dans l’évolution de l’espèce, car c’est quasiment la
seule source de gènes nouveaux
. C’est ainsi que le vivant se transforme, évolue, et s’adapte, grâce aux mécanismes de sélection naturelle. Les mutations sont l’élément clé de la richesse génétique et de la
biodiversité
.
Les mutations les moins favorables ou délétères à la survie de l'individu, sont éliminées par le jeu de la sélection naturelle, alors que les mutations avantageuses (mais beaucoup plus rares) tendent à s'accumuler.
On estime qu’il existe en moyenne de
50 à 200 mutations entre nous et nos parents
.
La fréquence d'apparition des mutations est parfois augmentée par des
mutagènes
.
Les mutagènes
physiques
sont tous les rayonnements
suffisamment énergétiques pour être ionisants
. Selon le type de rayonnement et son intensité, ils ont des effets différents sur l'ADN allant de possibles mutations ponctuelles, à des déplacements ou décalages de séquences, et jusqu’à des lésions graves et importantes :
Les rayons gamma, issu de la radioactivité, naturelle ou artificielle.
Les rayons X (tels ceux utilisés en radiographie).
Les rayons UV, qui correspondent aux spectres d'absorption de l'ADN (et qui sont responsables des cancers de la peau).
La chaleur, qui peut provoquer des coupures de l'ADN par hydrolyse.
Les mutagènes
chimiques
sont des produits sensibilisants, mutagènes, cancérogènes ou reprotoxiques, par exemple :
Le benzopyrène (présent dans la fumée de cigarette).
L'éthanal (produit de dégradation de l’alcool).
Le bromure d'éthidium ou le diéthylpyrocarbonate (des substances utilisées en recherche dans les laboratoires de biologie moléculaire pour leurs facultés à se lier à l’ADN ou à réagir avec des acides aminés).
Certains solvants (dichlorométhane, trichloréthylène, etc.).
Etc.
ADN et transfert de gènes
Une autre source d’évolution possible du vivant est le
transfert horizontal de gènes
, d’une espèce à une autre. C’est un mécanisme très important d’évolution chez les organismes unicellulaires, et il est également utilisé, mais
beaucoup plus rarement
, chez les organismes multicellulaires, plantes ou
animaux
.
La «
barrière des espèces
» est ainsi franchie en permanence :
Dans toute bactérie il y a forcément
5 à 20% des gènes qui viennent d’autres espèces
.
On observe des
transferts de résistance
aux antibiotiques entre différentes espèces de bactéries.
Les bactéries, notamment « agrobactérium », passent très facilement leurs gènes dans les plantes.
On observe des transferts de gènes de bactéries du bol alimentaire vers le génome des bactéries de nos
microflores intestinales
. C’est ce qui permet d’ailleurs aujourd’hui aux Japonais d’avoir la machinerie génétique nécessaire à la digestion de l'algue rouge Porphyra, contrairement aux autres populations du monde).
Nos
mitochondries
sont aussi un exemple de transfert horizontal : à l’origine elles sont des bactéries endosymbiotes, que nous avons intégré dans nos cellules.
L’orange est un
hybride
de mandarine et de pomelos, le blé domestique est un hybride de plusieurs herbacés.
Etc.
Une grande partie du génie génétique consiste à effectuer un transfert horizontal artificiel de gènes :
La
transgénèse
permet de produire des êtres vivants possédant des gènes d'une autre espèce.
La
thérapie génique
permet de réparer un génome défaillant et occasionnant une maladie génétique.
Ces techniques utilisent d’ailleurs les mécanismes naturels de transfert horizontal, tel que :
La
transformation
, reprise de matériel génétique extracellulaire provenant d'une bactérie morte.
La
transduction
, où l'ADN d'une bactérie est transporté dans une autre bactérie par le biais d'un virus.
L’observation des transferts horizontaux dans la nature indique que leurs
risques environnementaux et sanitaires
(y compris pour les OGM) peuvent être considérés comme
négligeables
.
L’observation de la
transgénèse
dans la nature indique qu’elle n'a pas plus d'effet perturbateur sur l'ADN que les modifications naturelles (mutation et croisement).
Organismes génétiquement modifiés par domestication
Depuis plus de
10 000 ans
, l'être humain modifie les organismes autour de lui. Avec l’agriculture et l’élevage, il
domestique
les espèces, en
contrôlant leur reproduction
, en
sélectionnant
plantes ou animaux qui ont les
caractéristiques voulues
, en faisant des
croisements
. On ne ressème par exemple que les graines des plantes qui donnent les plus gros fruits. C'est le cas du maïs, dont l'ancêtre il y a 9000 ans, la téosine, avait alors l'apparence du blé.
Toutefois les mutations désirées sont rares, et la domestication est un processus lent.
Les
espèces domestiquées
sont des « créations » humaines, car elles focalisent toute leur énergie à la production des fruits ou des parties consommables, ce dont elles ne
retirent aucun avantage
, et en conséquence elles sont
moins adaptées en milieu sauvage
. Les plantes domestiques ont perdu épines ou toxines qui les empêchent d’être mangées, elles dépendent d’apports extérieurs en eau, engrais, chaleur. Les animaux domestiques ont perdu leur agressivité ou leur résistance, et gagné en poids. Tous ont besoin de l’humain, et ne supporteraient plus la concurrence s’ils étaient laissés à la nature.
Organismes génétiquement modifiés par mutagénèse
La
mutagénèse aléatoire
est utilisée depuis les
années 30
. Elle consiste à provoquer des mutations du génome par
irradiation
aux rayons gamma (radioactivité) ou par exposition à des produits
chimiques mutagènes
(autrement dit, cancérogènes) puis à laisser le génome ainsi modifié s’exprimer librement.
On laisse pousser, puis on observe tout simplement le résultat produit par ces mutations aléatoires.
On choisit finalement les plantes
à la vue
. Il n’y a
aucun moyen de contrôle
,
pas de suivi
, on ne sait jamais dans le détail ce qui a été modifié dans le génome, quels gènes sont touchés, ni
quels problèmes pourraient en découler
. La mutagénèse est une technique de
manipulation du génome
extrêmement invasive et hasardeuse, néanmoins les aliments « mutés » qui en sont issus depuis plus de 80 ans ne préoccupent manifestement personne, au contraire des techniques modernes dont le seul tort est d’être ciblées et contrôlées.
Selon la FAO, il existe plus de
2 200 variétés
de fruits ou de légumes produits en laboratoire par mutagénèse aléatoire, ce qui représente en masse plus de
la moitié de tout ce que l'on consomme
, y compris pour les variétés utilisées en bio (riz de Camargue bio, huile de tournesol bio, etc.).
Des techniques « avancées » consistent à
mélanger plusieurs ADN
d’espèces différentes avant d’y produire les mutations, comme pour les pamplemousses « Star Ruby » ou « Ruby Red » créés en 1970 et 1984. On peut également par la suite hybrider à leur tour ces plants mutagènes.
Pour concurrencer les semences « Roudup-ready » (OGM résistantes aux pesticides Roundup), BASF commercialise aujourd’hui les semences « Clearfield-ready » (résistantes aux pesticides Clearfield). Ces semences ont été obtenues par
Organismes génétiquement modifiés par ingénierie génétique
C’est depuis les
années 70
, que l’on commence à utiliser les connaissances de la biologie moléculaire pour extraire des
gènes
et les rendre
actifs dans d’autres organismes
. L’ensemble du vivant partageant la même structure ADN, on dépasse ainsi la contrainte de savoir quelles espèces veulent bien s’hybrider. On peut par exemple passer un gène d’une souche de bactérie à une autre, d’une espèce de bactérie à une autre, d’une espèce de bactérie à une plante, etc.
L’
ingénierie génétique
est un
ensemble de techniques ciblées
, un moyen d’obtenir les croisements génétiques profitables, plus rapidement et plus efficacement que ne le font la nature et le hasard. Contrairement à la mutagénèse aléatoire, les modifications de génome se font de façon
maitrisée
,
ciblée
et peuvent ainsi être
suivies et strictement contrôlées
.
L’ingénierie génétique débute avec la découverte de certains mécanismes naturels liés à l’ADN. Leur maitrise ouvre la voie à la
transgénèse
, une technique qui permet de
modifier des portions d'ADN
(des gènes) ou d’en
incorporer de nouveaux
. Parmi ces mécanismes :
La
transformation
. Elle est observée dans la nature lors du transfert horizontal de gènes, c’est la
reprise par un autre organisme
de matériel génétique extracellulaire, provenant par exemple d'une bactérie morte.
La
transduction
, où l'ADN d'une bactérie est
transporté
dans une autre bactérie par le biais d'un virus.
La
recombinaison homologue
. C’est un mécanisme naturel de «
réparation
» de l’ADN, utilisé par exemple chez les eucaryotes lors du brassage génétique de la méiose, pour reconstituer les doubles-brins d’ADN après qu’ils ont été coupés. La jointure peut se faire s’il y a reconnaissance sur le brin d'ADN cible d’une séquence de nucléotides identique (homologues) ou suffisamment similaire (homéologues). Cette recombinaison est suffisamment souple pour qu’il soit possible de la produire entre l’ADN d’une cellule et un brin d’ADN exogène (provenant d’un rétrovirus par exemple) et partiellement différent de la séquence homologue visée.
Les
enzymes de restrictions
. Ce sont des protéines capables de
découper et recoller
précisément l’ADN. Elles interagissent en reconnaissant certaines séquences de nucléotides (généralement palindromiques).
Dans les
années 90
, ces méthodes progressent, notamment par l’utilisation de nouvelles enzymes de restrictions (les protéines capables de
découper et recoller
précisément l’ADN). Elles permettent maintenant d’intervenir sur certaines
zones spécifiques de l’ADN
, de façon précise, et avec une reproductibilité fiable :
Les
méganucléases
. Capables de reconnaître des
séquences d’ADN de 12 à 40 paires
de bases. Il en existe cependant trop peu pour espérer en trouver une précisément adaptée à intervenir sur une séquence d’ADN déterminée. Ainsi, pour chaque cible d’intervention dans le génome, il est d’abord nécessaire de créer sur mesure ou de modifier une des méganucléases existante.
Les
nucléases à doigts de zinc
. Enzymes synthétiques créées en fusionnant des « doigts de zinc » (des protéines se liant à l’ADN et impliquées dans la régulation de l’expression des gènes) et des nucléases (des enzymes impliquées dans les mécanismes de coupure d'ADN). Avec elles, il est possible d’agir sur des
séquences d’ADN d’une vingtaine de paires
de bases.
Depuis les
années 2000
, les techniques ont encore progressé et permettent aujourd’hui de reconnaître et d’interagir avec des
séquences d’ADN suffisamment longues pour être uniques
. Ainsi il est devenu possible d’intervenir précisément sur
n’importe quelle partie du génome
.
Les
TALEN
. Enzymes synthétiques créées en fusionnant des protéines « TALE » et des nucléases. Comme pour les enzymes précédentes, la protéine TALE permettent de se lier à une séquence d'ADN, cependant, dans son cas, plusieurs des acides aminés sont facilement interchangeables, ce qui permet de configurer une protéine qui reconnaîtra une
séquence spécifique
du génome.
En
2017
, la dernière évolution en date est la méthode
CRISPR-Cas#9
.
Ici aussi, c’est une enzyme synthétique et configurable, mais cette fois ci elle est «
programmable
» par le biais d’un
simple brin d’ARN
. CRISPR-Cas#9 est donc la dernière évolution d’un type d'outil qui existe depuis les années 70 mais sous des formes moins efficaces et plus coûteuses. Là où dans les années 90 il fallait encore investir
des années de recherche
et
des centaines de milliers d’euros
pour « construire » en ingénierie protéique une molécule spécifique pour chaque gène qu’on voulait remplacer, CRISPR-Cas#9 permet aujourd’hui d’utiliser
une protéine unique
,
générique
, mais
programmée
avec un morceau d’ARN, qui lui coûte seulement quelques dizaines d’euros à produire. CRISPR-Cas#9 devrait ainsi permettre d’
accélérer
les études dans le domaine de la génétique.
Le mécanisme a été
découvert en 1987 chez les bactéries
, qui pour 40% d’entre elles stockent dans leur propre ADN des morceaux d’ADN de virus bactériophages. C’est le
système de défense immunitaire des bactéries
contre les virus. Il est comparable au fonctionnement du système immunitaire humain qui mémorise lui aussi des « fiches signalétiques » lors des infections ou de la vaccination, mais ici, l’immunité acquise est aussi héréditaire ! Cette
base virale
est délimitée par des séquences d’ADN particulières (en palindromes), les CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats). Ces séquences servent de balises et indiquent quand doit démarrer la transcription des parties centrales (les séquences virales). Les brins d’ARN transcrits sont alors donnés à des protéines « Cas » (des enzymes) qui vont pouvoir avec ces « fiches signalétiques » partir à la chasse aux virus, et les découper quand ils sont identifiés.
Il existe plusieurs protéines Cas, mais
Cas#9
, l’« associated protein n°9 », a ceci de particulier qu’elle peut être utilisée pour aller découper dans l'ADN de
Techniquement, tout ce qui a subi une modification de son génome est un
OGM
, un Organisme Génétiquement Modifié, que ce soit de façon naturelle (un bébé), par sélection (agriculture et élevage), par mélange d’espèces (hybridation), ou par le fait d’altérer un génome en provoquant artificiellement des lésions majeures et aléatoires sur son ADN (mutagénèse aléatoire). Paradoxalement on ne parle pas d’OGM dans tous ces cas là… On parle d’OGM seulement quand la modification est
« OGM » en soi ne veut donc rien dire, ça n’est ni bon ni mauvais, ni dangereux ni inoffensif, c’est juste
une technique
, et tout dépend donc de l’utilisation qui en sera faite. Pour certains OGM, on a juste
éteint un gène
qui était présent et délétère, ou
ajouté un gène
afin de produire plus de sucre, de vitamines A, ou pour améliorer le système immunitaire de la plante. Pour d’autres OGM, ils ont été
rendus insensibles à un herbicide
. Pour d’autres encore, ils
produisent leur propre insecticide
. Selon ce qui a été fait, le résultat est soit inoffensif, soit source d’un risque potentiel, qu’il faut prendre en compte, mais on ne peut pas évoquer globalement et sans distinction « les OGM ».
Le génie génétique débouche sur des applications multiples :
En
santé
humaine, il permet la correction de gènes porteurs de mutations délétères et occasionnant des maladies génétiques (
thérapies géniques
), l’élimination de séquences virales persistantes, la production de protéines thérapeutiques, etc.
En
recherche
, il permet la mise au point d’outils destinés à la recherche biomédicale (par exemple utiliser des souris génétiquement modifiées pour explorer la fonction d’un gène ou étudier des maladies humaines).
En
agriculture
, il permet la mise au point de nouvelles générations de plantes, exprimant de nouveaux phénotypes, la plupart du temps par transgénèse (introduction dans le génome de nouveaux gènes).
Parmi ce qui a déjà été rendu possible grâce aux OGM on peut mentionner :
L'
insuline humaine
de synthèse. Elle devait auparavant être extraite de pancréas de bovins et de porcs. Depuis 1983, l’insuline humaine biosynthétique existe, elle est produite en laboratoire par introduction d’un
gène humain synthétique
dans une
bactérie
ou des
levures
. Ce processus permet de produire de l’insuline qui correspond parfaitement à celle que fabrique le pancréas humain. Avec l’évolution des procédés, on peut également préparer aujourd’hui d’autres insulines (appelées analogues) qui possèdent différentes durées d’action. Ces insulines de synthèse sont aujourd’hui utilisées par quasiment toutes les personnes diabétiques.
La mouche
Lucilie Bouchère
« dévoreuse d'hommes ». Ses œufs sont pondus dans des plaies ouvertes ou des atteintes cutanées. Les larves pénètrent dans les tissus, et se nourrissent exclusivement de matière vivante (une exception notable, les asticots étant d’habitude nécrophages). Elle a été
éradiquée
officiellement aux États-Unis en 1982, grâce à la modification du génome des mâles pour les rendre stériles. Elle est éradiquée en Libye en 1990, au Guatemala et au Belize en 1994, au Salvador en 1995, et au Honduras en 1996. Il y a des campagnes en cours contre la mouche au Mexique, au Nicaragua, au Costa Rica et en Jamaïque, toutes avec l'assistance financière du département de l'Agriculture des États-Unis.
Le
riz doré
, enrichi en bêta-carotène, qui pourrait profiter aux 250 millions d’enfants (principalement en Asie du Sud-Est) souffrant d’une carence en vitamine A, et à cause de laquelle chaque année
250 000 à 500 000 d’entre eux deviennent aveugles
et 100 000 meurent.
La
papaye d'Hawaï
,
sauvée d’un virus
qui la menaçait depuis les années 40, et qui en 1990 a quasiment détruit toute la production.
Les plants
OGM Bt
produisant leur propre insecticide Bacillus thuringiensis. Adoptés massivement en 2008 par
99% des agriculteurs indiens
à cause de leurs meilleurs rendements et de l’amélioration des conditions de travail qu’ils permettent.
Les plants
résistants aux herbicides
(au glyphosate) utilisée depuis 1996 aux USA dans 90% des cultures de Maïs, Soja, Coton.
La
tomate Flavr Savr
, qui produit le peptide 6F, le « bon cholestérol » et permet de lutter contre l’
athérosclérose
.
La
meilleure tomate
au monde (
test gustatif à l’aveugle
sur 500 personnes) est OGM.
Au cours des prochaines années, le génie génétique pourrait aussi permettre :
Les
xénogreffes
. La transplantation d’organes où le donneur est d'une
espèce biologique différente de celle du receveur
. Le porc étant l'un des meilleurs animaux donneurs d'organes pour l'humain, en raison notamment de sa disponibilité et de la taille de ses organes.
Les
plants autonomes en azote
. Le soja a la capacité de fixer l'azote de l'air, elle se « nourrit » seule. Depuis 2014, on sait importer ce gène dans les autres céréales, ce qui impliquerait
moins d'engrais
, moins de gasoil pour intervenir dans le champ. Ecologique, et rentable.
De produire de
biocarburants
grâce à des
levures
.
De rendre les moustiques
résistants à la malaria
, pour ne plus qu’ils transmettent le
paludisme
.
De guérir par les
thérapies géniques
les maladies dues à la
mutation d’un seul gène
(Mucoviscidose, Myopathie, Maladie de Huntington, Drépanocytose, Hémophilie A, Neuropathie optique de Leber, Phénylcétonurie, etc.).
D’éliminer les bactéries
résistantes aux antibiotiques
en programmant des
bactériophages
.
De lutter contre les
cancers
en programmant des
lymphocytes T
pour qu’ils identifient les cellules cancéreuses comme étant étrangères, ce qui provoquerait leur destruction par le système immunitaire. Ce même principe est également à l’étude actuellement (essais cliniques de phase I en cours) pour le traitement d’un
cancer du cerveau
(le glioblastome), et également pour la lutte contre le
SIDA
.
La
génomique synthétique
(conception de génomes artificiels).
Il existe des
OGM open-access
ou dont la
protection a expiré
. Ces projets entièrement destinés à des groupes humains défavorisés sont réalisés par des laboratoires académiques, des fondations, ou les pays concernés eux-mêmes. Une aventure dont la France est absente :
Le
riz doré
, qui produit de la
vitamine A
, développé de concert entre des entreprises privées et des universités publiques, libre de droits et d’exploitation, plusieurs fois amélioré, et destiné à un usage humanitaire afin de lutter contre la malnutrition à l’origine de graves problèmes de santé en Asie (cécité et mortalité infantile).
Le
riz enrichi
en
fer
et en
zinc
.
Les
pommes de terre
résistantes à des nématodes
pour les Boliviens.
Les
tourteaux de coton
rendus
consommables
en empêchant la synthèse d’une toxine, le gossipol.
Ce sont les biologistes eux-mêmes qui ont mis en place le
moratoire
de 1970, proposant par
principe de précaution
, et tant que les techniques n’étaient pas suffisamment comprises, d’en suspendre l’utilisation. Aujourd’hui le moratoire perdure et nous avons un
retard de plus de 40 ans
sur le sujet. Les OGM sont utilisés aux USA depuis 30 ans, sans qu’aucun problème n’ait pu être constaté.
Les
OGM alimentaires
sont toujours
interdits à la production
en France (mais autorisés en Europe), ce qui est un choix certainement démagogique, mais aussi hypocrite, vu que nous importons des OGM depuis 1995, et pour environ 4 millions de tonnes par an depuis 10-15 ans.
Concernant le
principe de précaution
, il doit s’appliquer en cas d’
incertitude scientifique
sur le risque ou sur l’innocuité. Aujourd’hui les pouvoirs publics disposent de
toutes les informations nécessaires
pour prendre une décision éclairée et le principe de précaution ne devrait donc plus être invoqué, mais il fait malheureusement partie d’un arsenal rhétorique bien commode, et
sert de prétexte
pour éviter de faire certains choix politiques impopulaires. Mais on ne peut pas prétendre indéfiniment manquer de recul, et le risque zéro ne pourra de toute façon jamais être prouvé. Il est
impossible de prouver une inexistence
. Ce principe de précaution, invariablement invoqué, enlise dans une inaction qui est tout autant risquée. L’attitude raisonnable est la recherche systématique du plus grand rapport
bénéfice / risque
. Par ailleurs, ce principe de précaution est à géométrie variable : après 40 ans de recul sur les OGM, il faudrait encore et toujours plus de tests, mais en revanche :
On peut
importer une plante
d’un autre continent et la planter en France sans se demander quel est l’impact de ses
25 000 gènes sur notre écosystème
.
On change nos
alimentations
du jour au lendemain (produits exotiques, diètes à la mode, etc.) sans jamais se demander si ça peut impacter notre
microbiote intestinal
, provoquer des allergies, des inflammations, des dérèglements chroniques.
On peut depuis 80 ans créer des variétés par
mutagénèse aléatoire
(augmentation du taux de mutation par irradiation ou par des « cancérigènes ») sans que cela ne fasse l’objet d’une quelconque polémique.
Les
faucheurs volontaires
détruisent des parcelles agricoles pour protester contre les OGM et empêcher leur culture. Une grande partie d’entre eux militent aussi pour l’
arrêt des recherches
, raison pour laquelle des
expériences en champ ont été détruites
à plusieurs reprises, conduisant à l’arrêt des programmes qui avaient pour but de répondre à la question des bénéfices que les OGM peuvent apporter (sociétal, sanitaire, etc.) mais aussi de leurs dangers potentiels. Il n’y a
plus aucune recherche publique
sur les OGM en Europe. Les cultures expérimentales d'OGM sont interdites en France depuis 2008.
Pour pouvoir continuer à détruire des champs (ce qui leur permet de rester médiatiques et de conserver de l’influence) les faucheurs volontaires prétendent également se battre contre des
OGM clandestins
. En fait ce sont des champs de variétés obtenues par
mutagénèse
, technique utilisée depuis plus de 80 ans y compris en bio. Pour se financer, les faucheurs volontaires vendent d’ailleurs chez biocoop des chips d’huile de tournesol qui, comble de l’ironie, est issue de la mutagénèse.
Quelle
autorité supérieure
les faucheurs volontaires pensent-ils détenir pour agir sur la seule foi de leur conviction au mépris du travail des chercheurs ?
Qu’apporte le fauchage des
expériences test de l’INRA
, à part laisser Monsanto et Syngenta seuls sur le marché ?
Le
manque à gagner
pour l’Europe à ne pas cultiver d’OGM est estimé entre 443 et 929 M€ par an.
Certains cultivateurs français qui souhaitaient cultiver des OGM considèrent que la non-culture de maïs Bt leur fait perdre 100 € par hectare et par an.
Au sein de la communauté scientifique, le débat sur la sûreté des OGM est terminé. La littérature scientifique sur la question OGM est extrêmement vaste, le
consensus scientifique
montre l'
absence d'effet sanitaire néfaste
de la part des OGM.
Par exemple, pour les
cancers
ou les
allergies
, leurs incidences au cours du temps sont similaires entre les États-Unis (où les aliments OGM sont partout) et le Royaume-Uni (où ils sont pratiquement inconnus).
OMS
, Organisation Mondiale de la Santé : « Les aliments OGM n’ont
pas témoigné de risques
pour la santé humaine, et
n’en comportent probablement pas
».
AAAS
, American Association For The Advancement Of Science : « La consommation d’aliments contenant des produits de cultures OGM n’est
pas plus risquée
que la consommation des mêmes aliments contenant des produits de cultures modifiées par les techniques d’amélioration conventionnelles ».
Journal of agricultural and food chemistry
: «
20 ans de recherches n’ont pas permis de démontrer un risque OGM
» « Invoquer l’incertitude scientifique n’est plus justifié ».
Il faut souligner que les études portées au
consensus
sont largement financées par le
domaine public
et les
organismes indépendants
. Une méta-analyse sur l’alimentation animale, compilant 12 études de cohortes et 12 études multigénérationnelles, produites par des membres d'universités, du CNRS et de l'INRA, et financée par le CNRS, le Ministère de l'Agriculture (via AgroParisTech), l'Université Paris-Sud, et citant des études produites par des organismes indépendants avec des fonds indépendants, conclut «
absence d'effet sanitaire néfaste
de la part des OGM Roundup-Ready et Bt ».
Une des dernières
revues de littérature scientifique
sur la sécurité des OGM, synthétisant les données de
1783 études
publiées entre 2002 et 2012 conclut «
pas de problème lié aux OGM
» « The scientific research conducted so far has not detected any significant hazards directly connected with the use of GE crops ».
Contrairement aux autres variétés, les OGM doivent être
homologués
, avec tests sanitaires et dossiers environnementaux. Parmi les tests, le « principe d’équivalence en substance » : contrôler que, en dehors de ce qui est produit par le gène,
les compositions en substances sont strictement identiques
.
On peut rappeler également que le fait que les OGM soient
interdits dans certains pays
ne constitue pas en soi une preuve de dangerosité (79 pays dans le monde interdisent l’homosexualité…).
C’est principalement dans l’
opinion publique
que la question du risque OGM se pose encore. Seulement 37% du public pense que la nourriture OGM est sans danger, contre 88% des scientifiques en général, soit
l’écart le plus important que pour toute autre controverse
, y compris celle sur le changement climatique. Pour les scientifiques, il n’y a pas plus de débat concernant la sécurité des cultures OGM que sur la réalité du changement climatique anthropique.
Il existe pourtant un mouvement qui
nie le consensus
. Plus de 300 « scientifiques et juristes » sont signataires d’une pétition affirmant qu’il « n’y a pas de consensus sur la sécurité des OGM ». Ce nombre important à première vue n’est pourtant
pas représentatif
. Dans le même genre, 30 000 « scientifiques américains » ont également signé une pétition affirmant qu’il « n’y a pas de preuve scientifique liant le CO2 au changement climatique », alors que le consensus est écrasant : 97,1 % des 3896 articles de recherche prenant position sur le sujet en 2016 l’imputent à l'activité humaine.
De toute manière, peu importe les pétitions,
le consensus scientifique n’est pas un vote
, c’est un processus fondé sur des
preuves
, et basé sur des
méthodes
où l’on accepte que les seuls juges soient les faits, l’expérience reproductible, et la revue par les pairs.
Parmi les signataires figure
Gilles-Éric Séralini
, auteur d’une célèbre étude affirmant que les OGM sont dangereux. Elle est relayée très amplement et très régulièrement, jusqu’à faire la une du journal « le nouvel observateur ».
La conclusion de l’étude a d’ailleurs été diffusée
avant même que l’auteur ne publie ses données
, ce qui est complètement hors démarche scientifique, puisque cela empêche toute revue par les pairs (les experts du domaine) et toute tentative de
reproduire des résultats
.
Bien plus problématique, la publication a finalement été
invalidée
,
retirée
, au motif de
mauvaises statistiques
,
protocole expérimental inadapté
,
mauvaises conclusions
, et officieusement
fraude
et
conflit d’intérêts
. La
rétractation
d’une publication est un cas suffisamment exceptionnel dans le milieu scientifique pour très sérieusement entacher la crédibilité de son auteur.
De son côté Gilles-Éric Séralini affirme être une victime, crie au
complot
et à la censure, et se vante même de gagner des procès contre ses détracteurs, mais ce ne sont que des
procès en diffamation
, sans lien avec ses « études ».
À la suite de cette publication et face aux répercussions médiatiques, plusieurs agences se sont saisies de l’affaire et ont publié des communiqués dont voici des extraits :
Académies nationales
d’Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies, et Vétérinaire : «
graves lacunes
» « mauvais choix expérimental » « pas de mortalité plus importante ni d’effet tumorigène prouvé de l’OGM, ni du Roundup, ni de leur association, contrairement à ce que l’on a laissé entendre au public » «
faute grave
» « motivée plus par des
considérations idéologiques
que par la qualité ou la pertinence » « soutiens financiers obtenus par des groupes de distribution fondant leur publicité sur l’absence d’OGM ».
À la suite de cette affaire, les six Académies recommandent la création auprès du Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel d’un «
Haut comité de la science et de la technologie
», visant à superviser la médiatisation de travaux scientifiques remettant en cause des savoirs partagés par la très grande majorité de la communauté scientifique internationale, afin d'éviter les «
fausses nouvelles
» qui pourraient indûment influencer les Français, parfois de manière irréversible.
EFSA
, Agence européenne de santé et sécurité alimentaire : « qualité scientifique insuffisante » « lacunes constatées » «
aucune conclusion ne peut être tirée
» « l’article n’a pas été élaboré conformément aux bonnes pratiques scientifiques en vigueur ».
Agence allemande d’évaluation des risques
: « les
conclusions
des auteurs ne sont
pas compréhensibles
».
ANSES
, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire : « les résultats de ce travail de recherche
ne permettent pas de remettre en cause les évaluations précédentes
du maïs OGM NK603 et du Roundup » « ne permettent pas d’établir scientifiquement un lien de cause à effet ».
HCB
, Haut Conseil des Biotechnologies : « le dispositif expérimental, les outils statistiques utilisés et les interprétations données par les auteurs de l’étude, souffrent de lacunes et
faiblesses méthodologiques rédhibitoires
, qui ne permettent pas de soutenir les conclusions avancées » « l’étude n’apporte
, qui est publiée en 2012 dans le journal « Food and Chemical Toxicology ». Cette étude, «
Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize
», est censée démontrer que des OGM (maïs Roundup-Ready) sont
cancérigènes
.
Dès sa publication, l'article est vigoureusement critiqué, non pas par des lobbies, mais par la communauté scientifique elle-même, qui effectue la relecture, le «
peer-reviewing
». L’article fait ainsi l’objet de très nombreuses protestations, les «
lettres à éditeurs
» dans lesquelles sont énumérés les manquements et la liste des scientifiques ayant signé la protestation
Face aux erreurs avérées et rédhibitoires (mauvaises statistiques, protocole expérimental inadapté, mauvaises conclusions) l’article a été retiré. Il est aujourd’hui
republié
dans une revue très peu prestigieuse « Environmental Sciences Europe », ce qui n’a d’autre intérêt pour son auteur que de pouvoir se prétendre « réhabilité » ou « censuré par la science officielle », ce qui n’est pas le cas, l’article est toujours accessible sur le site d’origine, mais est toujours « retracted ».
En 2012, une équipe de scientifiques de l’école de biosciences de l’université de Nottingham a réalisé une
revue
de
12 études à long terme
(jusqu’à deux ans) et
12 études multigénérationnelles
(jusqu’à 5 générations) sur l’alimentation OGM dans le même journal que celui qui a initialement publié l’étude de Séralini. Cette étude a conclu qu’il n’y avait
aucun danger apparent pour la santé
.
Les problèmes de l’étude Séralini :
Invalidité statistique
. La souche des rats utilisés, les
Sprague-Dawley
a une forte propension aux tumeurs, ils en génèrent tout seuls, et ils sont aussi extrêmement sensibles à l’environnement, d’où leur intérêt dans les études de cancérogénicité. Cependant la génération de tumeur reste un phénomène aléatoire, donc
plus le temps passe, plus les tumeurs se forment naturellement
. Il devient alors
impossible de dire si elles sont spontanées ou liées à la cancérogénicité de l’environnement
(la nourriture des rats dans le cas présent). Or l’étude est faite sur 2 ans, ce qui est beaucoup trop long vu la taille d’échantillon pour pouvoir affirmer que les tumeurs sont autres que « spontanées ».
Taille d’échantillon
. Pour une
expérience sur 2 ans
, l’étude en question utilise une quantité ridicule de rats par groupes (
10 mâles, 10 femelles
). En réponse à la critique, le CRIIGEN se justifie en expliquant que c’est le nombre de cobayes fixé dans les préconisations de l’OECD (faisant référence à la guideline n°408) mais cette dernière est valable pour des tests
à 3 mois
! Des tests d’une durée supérieure nécessite d’augmenter la taille des groupes pour minimiser l’impact des phénomènes aléatoires. Ainsi, pour des tests chroniques (au-delà de 3 mois), ce sont au minimum
50 rats
par groupe qui sont nécessaires (voire beaucoup plus selon la durée) et cela toujours selon les guidelines OECD (n°451 et 453).
L’
invalidité statistique
se voit même directement dans les résultats de la publication du CRIIGEN.
Les tumeurs ne sont pas corrélées à la dose d’OGM
ou de pesticides consommés :
mieux vaut manger beaucoup d’OGM
qu’un peu, ce que les auteurs expliquent avec un obscur phénomène de plancher – justification rejetée par les pairs. Un des cas fait tout de même apparaître une corrélation avec les doses consommées, mais ironiquement, pas dans le sens attendu :
plus les rats mâles boivent de Roundup
(sans manger d’OGM),
plus ils vivent longtemps
. Si l’étude était acceptable statistiquement, si elle était conclusive, on devrait alors titrer «
les hommes doivent boire du Roundup pour améliorer leur longévité
», et ce avec une fiabilité supérieure à l’affirmation « les OGM donnent le cancer ». Les auteurs de l’étude n’ont même pas pris la peine de souligner cette corrélation, ne serait-ce que pour en rejeter les conclusions, ce que l’on fait normalement, espérant peut-être que cela passerait inaperçu.
Un éventuel
conflit d'intérêt
, que le CRIIGEN a cru bon de taire dans l'article, alors qu'en pratique, tout potentiel conflit d'intérêt doit
obligatoirement être mentionné
dans une section dédiée. Il a été décidé de dissimuler le
financement de Carrefour et Auchan
, qui à l'époque faisaient leur
pub sur le sans-OGM
. Un passage du livre « Tous des cobayes ? » de G-É.Séralini est édifiant : «
Pour éviter tout rapprochement disqualifiant avec les méthodes des industriels, il fallait un cloisonnement net entre les scientifiques, qui menaient cette expérience dans le respect d'une éthique de l'indépendance et de l'objectivité, et les associations qui la subventionnaient. L'association Fontaine a permis de recruter plusieurs dizaines de donateurs qui se sont eux-mêmes regroupés sous le nom de CERES. [On parle de, entre autres, Auchan et Carrefour, comme explicité dans un chapitre précédent]. Cette autre association, créée par Jacques Dublancq, a débloqué une première somme d'environ
500 000 euros
qui nous a permis de mettre en route les premières phases de l'expérience.
Il n'était toutefois pas concevable qu'elle soit le commanditaire direct de l'étude
. Nous ne pouvions nous exposer à apparaître aux yeux de nos détracteurs comme des scientifiques
financés directement par le lobby de la grande distribution
» Finalement, l’existence même de ce montage financier ne fait de démontrer de façon évidente la volonté de dissimulation des faits : les commanditaires de l’étude sont la grande distribution.
On a pu entendre également que la rétraction de l’article ferait suite à « l'arrivée d'un membre de chez Monsanto » dans le staff éditorial de la revue Food and Chemical Toxicology, le professeur
Richard Goodman
, de l’université du Nebraska, directeur associé au journal.
Richard Goodman n’est pas à l’origine de la rétraction. L’origine, c’est la violente réaction de la
communauté scientifique
, choquée par la sélection d’un article à la qualité médiocre, choquée par la manipulation médiatique opérée par Séralini.
Richard Goodman n’a pu jouer aucun rôle. Lors de la procédure de vérification des résultats, la revue « Food and Chemical Toxicology » a demandé au CRIIGEN l’accès aux données brut. Au milieu du processus, Séralini a demandé à
exclure Richard Goodman
du processus, ce qui fut
immédiatement accepté
.
Richard Goodman ne travaille plus pour Monsanto. Présupposer que Monsanto puisse toujours agir via lui et faire pression relève de la
théorie du complot
. De plus, crier à la
censure
est risible quand de son côté G-É.Séralini n’hésite pas à attaquer en justice ses contradicteurs pour diffamation.
G-É.Séralini est aussi l’auteur en 2016 d’une étude (financée par Sevene Pharma) prouvant qu’un
traitement homéopathique
(de Sevene Pharma) est efficace pour
détoxifier le corps des effets du Roundup
. L’étude souffre des mêmes problèmes méthodologiques (utilisation du bruit statistique). Mais soyons indulgents, qui mieux qu’un traitement homéopathique pourrait soigner un problème qui n’existe pas…
Plus en détail, les OGM et l’opposition systématique :
Le
riz doré
.
Dans le monde, 250 millions d’enfants de moins de 6 ans souffrent d’une carence en vitamine A. Chaque année, entre 250 000 et 500 000 de ces enfants deviennent aveugles et meurent dans l'année qui suit. Ces enfants, d’Asie du Sud-Est principalement, ont un régime alimentaire à base de riz, pas suffisamment riche en
bêta-carotène
, un précurseur de la
vitamine A
.
En 1999, une équipe de scientifiques (Ingo Potrykus, Institut fédéral suisse de technologie) crée le premier
riz produisant son bêta-carotène
. Le Président Clinton déclare «
Si nous pouvions avoir davantage de ce riz doré, nous pourrions sauver 40 000 vies par jour
».
S’agissant d’OGM, l’innovation s’est toutefois attiré les foudres de
Greenpeace
:
En 2001, l’organisation a d’abord argumenté sur le fait que le riz doré ne produirait pas assez de bêta-carotène.
En 2003, puis en 2005, sont alors développées de nouvelles variétés contenant huit fois plus, puis vingt fois plus de bêta-carotène.
En 2008, l’argument d’inefficacité ne tenant plus, les détracteurs des OGM vont alors prétendre que le bêta-carotène et la vitamine A sont toxiques. Pour cela ils demandent à David Schubert (militant anti OGM et neurobiologiste au Salk Institute) de publier un article dans le « Journal of Medicinal Food ». Cet article (basé sur une étude de 1994 selon laquelle les fumeurs qui se sont supplémentés en bêta-carotène ont un risque accru de cancer du poumon) conclut que le bêta-carotène et les caroténoïdes, qui produisent des rétinoïdes (dont la vitamine A) sont des cancérogènes probables. Mais l’article oublie de dire :
Que la dose quotidienne administrée dans l'étude équivalait à dix à vingt bols de riz doré.
Que le reste de l'étude souligne qu’en général, le bêta-carotène est
en réalité associé à un risque moindre de cancer du poumon
.
L’article mentionne également qu'un rapport de 2004 du National Research Council affirme que l'ingénierie génétique a une probabilité plus importante de produire des changements imprévus. En réalité, la citation est tronquée, le rapport affirmant : « l'ingénierie génétique a une probabilité plus importante de produire des changements imprévus
que certaines méthodes de modification génétique, comme l'hybridation d'espèces proches
, mais
une probabilité moindre que d'autres, comme la mutagenèse par irradiation
».
En 2017, dix-huit ans après son invention, et des millions d'enfants morts plus tard, le riz doré n'est toujours pas utilisé.
(PRSV) est connu depuis les années 40, c’est un agent pathogène, transmis par les pucerons, et qui a pour conséquence la perte de la production. En 1994, malgré la sélection végétale, la rotation culturale, les quarantaines, la maladie avait presque complètement détruit la production de papayes sur Hawaï, une des principales zones de production des Etats-Unis.
Une solution OGM est alors mise au point, qui consiste (à la manière d’un vaccin) à
intégrer un gène inoffensif du virus
(codant pour une protéine d'enveloppe) dans l'ADN de la papaye, ce qui a pour effet de bloquer la multiplication virale. Quatre entreprises de biotechnologies brevètent la technologie au profit de l’association Hawaïenne qui distribue les semences (licence gracieuse de la part de Monsanto sur 47 brevets).
La plante OGM parcourt avec succès toutes les procédures d’autorisation, elle est cultivée commercialement depuis 1998, et l’industrie de la papaye est sauvée. En 2008, ce plant OGM concerne 80 % de la production sur Hawaï.
Cependant cet OGM suscite des inquiétudes chez les antis OGM, alors que pourtant :
L'EPA, agence environnementale américaine, souligne bien que
les papayes infectées par le virus ont été consommé par la population pendant des années
sans poser aucun souci. «
Des particules infectieuses entières du virus des tâches en anneaux du papayer, y compris sa protéine d'enveloppe, sont présentes dans les fruits, les feuilles et les racines de la plupart des plantations
».
Les phytovirus sont
incapables de se répliquer dans les organismes des mammifères
, ce qui exclut la possibilité d'une infection humaine.
En 2000, vandalisme et destruction de cultures par les antis OGM.
En 2002, une étude hollandaise établit qu’un fragment de la protéine incorporée dans l’OGM, correspondrait à une séquence d'une
protéine allergène
produite par des vers. En réalité :
Sans cas constaté d’allergie, rien ne permet de postuler un quelconque caractère allergène.
La ressemblance est partielle, la protéine produite par l’OGM contient 280 acides aminés, et la partie commune à l’allergène est une chaîne de seulement 6 acides aminés. Si ce critère était pertinent pour déterminer le caractère allergène, alors une autre étude fait observer que sur 51 protéines sélectionnées au hasard dans des plants de maïs ordinaire, 41 contiennent aussi cette même séquence, et devraient donc tout autant être considérées comme allergènes !
Après étude supplémentaire, il s’avère finalement que le supposé allergène parasitique comparé en premier lieu aux protéines de la papaye, n'était pas intrinsèquement allergène !
Malgré cela,
Greenpeace
utilise pourtant ce non-évènement de façon alarmiste.
En 2006, Greenpeace reproche à la papaye OGM de mettre les fermiers en difficulté. En réalité, la misère des fermiers est plutôt causée par Greenpeace, qui œuvre au blocage des réglementations autorisant la culture et la commercialisation de la papaye OGM (conduisant à la fermeture de marchés comme celui du Japon et de l’Union Européenne).
De 2006 à 2010, des chercheurs du département américain de l'agriculture, incités par des régulateurs japonais, soumettent la papaye à des études complémentaires. Ils vérifient que sa nouvelle protéine n'a aucune séquence génétique commune avec le moindre allergène connu, en prenant le critère consensuel d'une chaîne de huit acides aminés, et non pas six. Ils démontrent que la protéine, contrairement aux allergènes, se désagrège en quelques secondes dans les sucs gastriques. Ils trouvent également que la papaye conventionnelle - et infectée - que les populations consomment depuis des années, contient
huit fois plus de protéines virales
que la papaye OGM. Deux ans plus tard, le Japon ouvre à nouveau son marché au fruit. La Chine produit des études similaires et aboutit à la même conclusion.
Malgré cela, les militants anti OGM persistent encore aujourd’hui avec des allégations sans fondement :
Déclarations de
Jeffrey Smith
: «
L'ARN de la papaye OGM pourrait altérer des gènes humains
» «
Les protéines de la papaye pourraient interférer avec le système immunitaire, et avoir comme conséquence le VIH ou des hépatites » « La protéine pourrait être cancérigène
est une bactérie isolée en 1901 par le bactériologiste japonais S.Ishiwata, à partir de vers à soie qu'elle infecte et tue. C’est un insecticide naturel, et inoffensif pour les vertébrés.
Ses vertus entomotoxiques lui donnent un intérêt agricole, sylvicole et commercial dès les années 1930. Aujourd'hui la bactérie Bacillus thuringiensis est l'insecticide le plus utilisé au monde en
agriculture biologique
.
En 1980, des chercheurs belges en biotechnologies trouvent un moyen de produire l'insecticide en insérant un gène de la bactérie (le Cry1Ab, codant la toxine insecticide) directement dans des plants. Ces plantes
transgéniques
«
Bt
», produisent le Bt dans leurs tissus aériens (feuilles et tige), dans leur pollen, et dans la sphère racinaire (rhizosphère) en petites quantités qui suffisent pour tuer les larves d’insectes ou les vers, en s'attaquant à leur système digestif. Le
spectre d’action
des toxines Bt est très
étroit
, chaque toxine n’élimine que certains types d’insectes, permettant même de voir réapparaître des insectes utiles comme les coccinelles ou punaises, qui étaient exterminées par les herbicides chimiques classiques. La
toxicité des toxines Bt est nulle chez les vertébrés
.
Les toxines Bt sont des protéines,
biodégradables
, et elles sont digérées en acides aminés indispensables pour tous les êtres vivants. Cette approche est nettement plus efficace, et moins polluante que les épandages massifs de bactéries Bt mis en œuvre pour l’agriculture biologique.
Cependant, la protéine qui, de l'avis de tous, était auparavant inoffensive, devint subitement une menace pour le lobby anti OGM, qui affirme en 2007 que les cultures Bt sont pires que le Bt pulvérisé, notamment parce que les plantes Bt contiendraient
trop de toxines
. En réalité, les propres recherches internes de
Greenpeace
font mentir cette déclaration.
En 2011, changement d’avis, Greenpeace déplore que les cultures Bt contiennent
trop peu de toxines
pour être efficaces, et sont dangereuses pour les humains (tout en étant incapable de tuer des insectes…). Ils laissent entendre que les faibles concentrations de Bt dans le coton permettent aux insectes de proliférer, ce qui cause des pertes agricoles menant les fermiers à des dettes abyssales et au suicide (ce qui est un mythe).
Greenpeace, en parallèle, n’a toujours aucun grief contre le Bt pulvérisé, qui représente entre 57% et 90% du marché des bio-pesticides (estimé en 2014 par le Wall Street Journal à environ 2 milliards de dollars annuels).
En 2013, l'Organic Consumers Association et son site associé, GreenMedInfo, titraient sur la « nouvelle étude liant les aliments OGM à la leucémie », alors que cette étude a bel et bien été menée sur des spores de Bt cristallisés, soit un ingrédient des
aérosols Bt
(le bio-pesticide), et non pas des
cultures Bt
(les OGM) ! Le titre de l'article n'est toujours pas corrigé.