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Homéopathie


Les principes fondateurs


L’homéopathie est basée sur 4 grands principes :

La
similitude
« soigner le mal par le mal ».
Un jour en 1796, Hahnemann, l’inventeur de l’homéopathie, fait une expérience
unique
. Alors qu’il a pris de la quinine sans être malade, il attrape une fièvre qu’il estime
analogue
à une fièvre paludique. Il interprète ce qui est sans doute une simple
coïncidence
d’une manière
causale
« c’est la quinine qui a provoqué chez lui le symptôme du paludisme » (un mécanisme qu’il nomme « pathogénésie »). Par ailleurs, il est connu que la quinine permet justement de tuer le parasite responsable du paludisme. Il en déduit donc que quand une substance provoque des symptômes, c’est le
signe
qu’elle peut aussi soigner les maladies qui provoquent ces mêmes symptômes.
Les
biais
sont nombreux (base anecdotique, expérience non reproduite, analogie douteuse, corrélation abusive, causalité non prouvée, logique fallacieuse) pourtant Hahnemann décide que
les maladies doivent pouvoir être traitées
par
les substances qui en produisent les symptômes chez une personne saine
.

C’est en vertu de ce principe que l’homéopathie propose :
De l’
absinthe
contre
l'alcoolisme
(Absinthium ou Artemisia absinthium).
De l’
abeille entière
contre les
sensations de brûlure
ou de
piqûre
(Apis mellifica).
Du
café
vert arabica contre les
troubles du sommeil
(Coffea cruda).
Le
vaccin antigrippal
de l'année en cours en
prévention de la grippe
(Influenzinum).
Du
pétrole
contre le
mal des transports
(Petroleum).
Du «
lysat de sécrétions urétrales purulentes blennorragiques
prélevées sur des malades n’ayant pas encore été traités par des antibiotiques ou des sulfamides » contre l’
hyperactivité
ou «
les sciatiques, surtout gauches
» (Medorrhinum).

La
dilution
.
Lors de ses premiers essais, Hahnemann constate que « le mal par le mal » aggrave la maladie. Sa théorie initiale n’est donc
pas confirmée
, mais peu importe, plutôt que de remettre en cause son principe premier, il décide d’un «
oui mais
». Il décrète que l’échec de ses expériences est seulement lié à un problème de dose. Il va donc
diluer
les solutions
jusqu’à ne plus avoir d’effet négatif
.
Ici aussi le raisonnement est
biaisé
(non prise en compte des données expérimentales, hypothèse ad hoc - escalade d’engagement) et Hahnemann a juste constaté l’absence d’effet secondaire, aucunement la présence de l’effet primaire attendu. Pourtant contre toute logique il va conclure que les remèdes préparés en
haute dilution
sont sans doute
plus puissants
que ceux préparés en basse dilution.

Les dilutions homéopathiques s’effectuent soit « Hahnemanniène » en prélevant 1/100ème du volume initial que l’on dilue ensuite dans un nouveau volume, soit « de Korsakov » en vidant le récipient initial et en ne gardant que ce qui reste sur les parois avant le nouveau remplissage. Dans les deux cas, l’opération dilue la solution de +1CH, et est à reproduire à chaque CH supplémentaire.

L’équivalence de ces
dilutions
explique assez bien l’absence d’effets secondaires :
3CH
: Un ppm (une partie
par million
, 1/10
-6
, on parle de traces).
4,5CH
: Un ppb (une partie
par milliard
, 1/10
-9
, on parle de microtraces).
5CH
: Le contenu d’un
verre
dans
1 000 piscines olympiques
(1 pour 10 milliards).
10CH
: Une
goutte
dans le
lac Léman
.
12CH
: Une seule
molécule
par
cuillérée à soupe
(une pour 6*10
23
molécules). A 12CH, il n’y a statistiquement
plus une seule molécule
de l’ingrédient de base dans la dose du produit homéopathique. 12CH correspondrait à
une pincée de sel jetée dans l’océan atlantique
. A noter pour comparer que cette même cuillérée à soupe d’eau contient aussi de façon tout à fait naturelle 17 930 000 000 000 000 molécules de cyanure, et que ça n’a pas plus d’effet sur votre organisme (voir « naturel et chimique »).
23CH
: Une
molécule
d’eau dans
tous les océans
de la terre.
40CH
: Une
molécule
dans la
globalité de l’univers observable
(une sphère de 90 milliards d'années-lumière de diamètre).
200CH
(dilution de l’oscillococcinum) : Vous avez plus de chances de gagner
50 semaines de suite à l’euromillion
, que de trouver une seule molécule de « principe actif » dans l’oscillococcinum.

La
dynamisation
(les succussions).
Les solutions sont vigoureusement frappées après chaque dilution. Selon les dires de Hahnemann, la dynamisation est censée permettre de conserver les effets pharmacologiques malgré les faibles doses. L’explication avancée serait
la mémoire de l’eau
, sauf que les solutions sont pulvérisées sur des granules de sucre qui passent finalement dans des
étuves à dessiccation
industrielles pour être séchées, il n’y a donc plus aucune molécule d’eau. L'eau a-t-elle transmit sa mémoire au sucre sans dynamisation ? Y a-t-il une mémoire du sucre séché ?
La mémoire de l’eau est une théorie qui apporterait à celui qui la prouverait la gloire internationale et des dizaines de prix Nobel tant cela remettrait en cause nos connaissances actuelles. Malheureusement elle est réfutée depuis plus de 30 ans (voir le paragraphe dédié).

L’
individualisation
.
Le praticien homéopathe analyse l’ensemble des symptômes de la personne et pas uniquement ceux liés à la maladie, afin de déterminer le remède adapté. C’est une
approche globale
(« holistique ») de la personne humaine, qui doit être appréhendée « dans sa globalité physique, psychique, culturelle et historique », et vise en particulier à déterminer les «
tempéraments
» liés aux pathogénésies (un concept catégoriel qui semble hérité de la théorie antique des humeurs).
Prétendre à une analyse « sur mesure » pour se retrouver finalement classé dans un des 3 types de constitutions possibles (carbonisme, phosphorisme, fluorisme) ou dans un des 15
profils préétablis
est surprenant.
Selon les homéopathes, l’individuation rend impossible la reproductibilité des tests et l’utilisation des protocoles en double aveugle « la preuve par l’expérimentation ne peut pas fonctionner comme pour les médicaments allopathiques car les mécanismes du fonctionnement de l’homéopathie sont trop complexes pour une basique expérimentation »,
Mais si ces mécanismes sont si compliqués,
comment un médecin
(qui n’est qu’un être humain)
parvient-il à faire une ordonnance efficace contre la maladie
? Son savoir est-il fondé sur une métaphysique incompréhensible du commun des mortels ?
A noter que les substances vendues librement, en
automédication
, pour des traitements
symptomatiques
(Oscillococcinum, Sédatif PC, etc.) ne respectent pas cette individualisation.





Des effets prouvés ?


L’homéopathie a fait l’objet de
milliers d’études
, et son efficacité est questionnée de manière scientifique depuis
plus de 35 ans
. Le consensus, confirmé à chaque méta-analyse, et partagé par toutes les agences sanitaires mondiales, est que l’homéopathie n’a
pas d’effet supérieur au placebo
.

Au niveau international, la plus grande revue de la littérature scientifique existante sur l'efficacité de l'homéopathie a été publiée en 2015 par le
Conseil national de la recherche médicale australien
(NHMRC), soit une
méta-analyse de 225 études contrôlées et plus de 1800 publications scientifiques
. Après 3 ans d’études, et la relecture par deux groupes indépendants d’experts scientifiques, la conclusion est que « aucune étude crédible n'a pu démontrer que l'homéopathie améliorait mieux l'état d'un patient qu'un
placebo
».
Au niveau européen, L'
European Academies Science Advisory Council
(EASAC) qui regroupe les académies nationales des sciences de membres de l'UE, estime qu'il faut
cesser de tolérer la présence de l'homéopathie dans les soins de santé
.
En France, l’avis de la
Haute Autorité de Santé
: «
pas de preuve de l’efficacité
des médicaments dans les études scientifiques sur l’ensemble des 24 symptômes ou affections étudiés ».
En France, l’avis des
Académies nationales de médecine
et de
pharmacie
: « les méta-analyses rigoureuses n’ont
pas permis de démontrer une efficacité
des préparations homéopathiques ».
Aux États-Unis, les producteurs d’homéopathie sont obligés d’
indiquer sur leurs boîtes
que
le traitement n’est pas efficace
dans la mesure où ses capacités thérapeutiques n’ont
pas été prouvées
. Ayant violé les lois californiennes sur la
publicité mensongère
, les laboratoires Boiron ont même été tenus de débourser 12 millions de dollars pour éviter un procès collectif.


Oui mais l’étude
EPI3
prouve que ça marche ?
L’étude EPI3, régulièrement
citée par les homéopathes
, est en réalité un assemblage de 9 études,
financées par Boiron
à hauteur de 6 millions d’euros. Elles ne sont pas opposables aux conclusions des méta-analyses pour les raisons suivantes :
Ce sont des études «
observationnelles
» (analyse du profil des usagers, des prescripteurs, des types de pathologies donnant lieu à consultation) et non pas «
interventionnelles
» (évaluation d’une approche thérapeutique en comparaison avec un groupe témoin). Elles ne sont
pas conçues pour évaluer l’homéopathie
, et donc
ne peuvent en aucun cas prouver son efficacité
.
Ce sont des études de
faible qualité
qui ne respectent pas les
règles élémentaires de la recherche
(pas de double aveugle, pas de randomisation, des protocoles non publiés au préalable, des groupes non comparables). Ces faiblesses méthodologiques augmentent les risques d’erreur et donc la possibilité d’obtenir des données positives
par pur hasard
.
Il est d’ailleurs possible que ces 9 études aient été soigneusement sélectionnées (
cherry-picking
) car elles ne sont pas les seules dont le laboratoire pharmaceutique Boiron dispose. En particulier,
9 essais cliniques
(enregistrés dans EUdraCT, base de données européenne des essais cliniques) ont été menés, et auraient pu permettre de mesurer l’efficacité supposée des traitements homéopathiques. Cependant, concernant ces 9 essais cliniques,
aucun résultat n’a jamais été publié
.
Les
auteurs
eux-mêmes ont conscience des limites de leurs études, et
mettent en garde
« Les résultats de notre étude ne
peuvent pas être interprétés
comme une
preuve d’efficacité
comparée entre les soins conventionnels et homéopathiques », «
design expérimental inadéquat
», « nombre de
patients insuffisant
».


Oui mais ça fonctionne chez les
animaux
et les
bébés
, qui ne sont pas sensibles à l’effet placebo ?
Les observations d’un fonctionnement chez l’
animal
sont de nature
anecdotique
« ça a marché sur mon chien », subjective, et viennent souvent de
vétérinaires homéopathiques
. On ne peut pas clairement prétendre à un effet placebo chez l’animal, cependant le conditionnement forme certaines bases aux réponses placebo, et les animaux sont par ailleurs plus sensible qu'on ne le pense à l'humain.
Il n’y a pas de tests spécifiques pour les
bébés
, mais ils sont sensibles eux-aussi à l’effet
placebo
.





La législation


En France, par tradition, les produits homéopathiques bénéficient d’un
statut d’exception
depuis le 11 septembre 1941. Pour les préparations sans indication thérapeutique précise,
aucune AMM
(autorisation de mise sur le marché) n'est nécessaire, un
simple enregistrement
auprès de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) est suffisant. Pour les préparations spécifiques à des pathologies, une
procédure d’AMM simplifiée
s’applique.
Si pour obtenir cet AMM, le fournisseur du produit homéopathique doit bien garantir son
innocuité
, la
preuve de son efficacité thérapeutique
en revanche n’est
pas requise
, contrairement aux médicaments classiques.
Pour garantir l’
inocuité
, un des
arguments de Boiron
est qu’à partir de la dilution 12CH, il n’y a
plus une seule molécule
de la substance initiale dans le produit final, et que c’est donc forcément inoffensif. C’est juste, mais c’est un aveu en
contradiction totale
avec le principe fondateur de l’homéopathie qui voudrait que «
plus c’est dilué plus ça marche
».
Les règles d’autorisation de mise sur le marché ont changé en 2008, impliquant de devoir
redéposer un dossier
pour chaque substance. Par choix financier, Boiron n’a voulu déposer qu’
un millier de remèdes
(les plus courants), ce qui a provoqué la colère des médecins homéopathes, qui eux travaillaient avec l’ensemble des 5000 substances (en vertu du principe d’individualisation).

Dès 2004 en France, l'Académie nationale de médecine a demandé le
déremboursement
des préparations homéopathiques (aux motifs de « méthode
obsolète
», « a priori conceptuels
dénués de fondement scientifique
», «
doctrine à l’écart de tout progrès
»). Cette demande a été refusée, après avis du ministère de la Santé, au motif qu'un déremboursement
grèverait les finances de la Sécurité sociale
. L’homéopathie était encore remboursée à 30% en 2019, ce qui ne représente que 0.3% des dépenses de la sécurité sociale, mais est tout de même l’équivalent du salaire de 20 000 infirmières.
L’homéopathie ne
remplit pas les conditions préalables
qui permettent de déterminer si un médicament est
remboursable
, alors que d’autres médicaments, eux, sont déremboursés sur la base de leur faible efficacité.
L'homéopathie n'arrive pas à passer les
tests
de la
médecine contemporaine
. Normalement elle ne devrait donc pas être prescrite par votre médecin, cela va à l'encontre de l'
article 39 du code de déontologie médicale
.





Une rigueur scientifique toute « homéopathique »


Accorder sa confiance
aux scientifiques nécessite de comprendre leurs
méthodes
et de correctement interpréter leurs
résultats
. C’est une tâche qui peut s’avérer rapidement difficile pour quelqu’un qui n’en a pas l’habitude. La
perte de confiance
en revanche, est beaucoup plus facile. Pour cela il suffit souvent de réaliser que des
méthodes
destinées à nous convaincre étaient
volontairement trompeuses ou malhonnêtes
, ou que certains
arguments
ronflants n’ont en réalité
aucune pertinence
. Parfois « il faut être pris pour être appris ».

Boiron est coutumier du
détournement de publication scientifique
à son avantage. Le laboratoire utilise des
citations tronquées
, généralement extraites de méta-analyses ou de revues qui font la synthèse de plusieurs publications. Par exemple « l’étude prouve l’efficacité, mais la méthodologie utilisée présente
des défauts ou biais qui font que ça n’est pas valable
» devient « l’étude prouve l’efficacité ».

Jacques
Benveniste
et la «
mémoire de l’eau
» (Cf. le documentaire « on a retrouvé la mémoire de l’eau » diffusé sur France 5, service public).
Selon les travaux de Jacques Benveniste (publiés dans la revue Nature en 1988) l'eau serait censée restituer «
l'empreinte
» de certaines molécules (théorie qui remettrait en cause toute la physique moderne). Ces résultats n’ont cependant
jamais pu être reproduits
malgré de
très nombreuses tentatives
partout dans le monde. Finalement, faute de réplication, la publication a été
révoquée
et retirée 20 ans plus tard sous la mention «
aussi inutile que fantaisiste
». Le débat est clos du côté des spécialistes, mais le mythe perdure parmi le grand public.

L’
histoire
autour de cette publication est riche d’enseignements :
La revue Nature avait
mis en garde
du caractère douteux de l’étude, mais avait finalement accepté de la publier pour « qu’il ne se fasse pas passer pour un
Galilée moderne
victime d’une nouvelle inquisition ».
Vu le caractère plus qu’étonnant des résultats, Nature a finalement dépêché une équipe pour aller
enquêter
dans le laboratoire de Benveniste, en y incluant
John Maddox
en personne (physicien et rédacteur en chef de la revue) et
James Randi
(célèbre illusionniste professionnel, sceptique, et démystificateur de pseudo-sciences). Après avoir remis en place un protocole expérimental correct,
les résultats n’étaient plus observés
.
Nature
reste une revue commerciale, et elle avait malheureusement déjà pratiqué ce genre de « coup de publicité » avec Uri Geller (deux physiciens « prouvaient » ses pouvoirs). La revue publie ces études
mais avec un éditorial critique
qui tempère ou démonte l’article (« expériences naïve, statistiques et conclusions incorrectes, bruit dans les données »).
A noter que le
principe de similitude
« un produit toxique très dilué provoque
un effet inverse
(une guérison) » est contredit par la conclusion de cette étude « une très forte dilution d'anticorps peut avoir sur des cellules
le même effet
que ces anticorps non dilués ».

Si la mémoire de l’eau existait, cela serait valable aussi pour
toute l’eau que nous ingérons quotidiennement
, et qui même en bouteille, n’est pas purifiée. Chaque gorgée représenterait l’équivalent d’un volume astronomique de granules homéopathiques, chaque molécule s’étant frottée à d’autres durant des siècles pour en mémoriser toutes les caractéristiques. Comment font les laboratoires pour fabriquer de l’homéopathie
à partir d’eau vierge
, comment
désactivent-ils
les dilutions intermédiaires, ou sinon
où les rejettent-ils
?

Il n’y a aucun argument recevable pour croire en la mémoire de l’eau, mais on peut deviner les
motivations
. Cette notion, sans laquelle le concept même d’homéopathie est incompréhensible, tient à cœur à ses partisans. Les recherches de Benveniste étaient d’ailleurs
financées par les laboratoires Boiron
.

Luc
Montagnier
, sur les traces de Jacques Benveniste.
Le professeur Montagnier est biologiste et virologue français, colauréat en 2008 avec Françoise Barré-Sinoussi du
prix Nobel de physiologie/médecine
, pour la découverte en 1983 du VIH, le virus responsable du SIDA.

En 2009, Luc Montagnier publie lui-aussi sur la
mémoire de l’eau
avec une expérience étonnante : Il prend une eau ayant contenu de l’ADN, en récupère le « signal électromagnétique » (grâce à une bobine de cuivre et une carte son) puis transfère le fichier obtenu par internet. L’ordinateur distant « renvoie » alors ce signal dans une nouvelle eau, où de l’ADN se « reconstitue ».
L’expérience met en œuvre une technique de police scientifique, la
PCR
: On prend un tube d’eau où sont déjà présents des
nucléotides
(les briques de base de l'ADN) et une
enzyme polymérase
(un catalyseur qui va permettre qu’elles s’assemblent). On introduit ensuite dans le tube des vrais fragments d'ADN, et par réaction en chaine, des séquences complètes de l'ADN se reconstituent (ce qui permet l'identification des auteurs de crime).
Dans l’expérience de Montagnier cependant, il n’y a
pas d'ADN au départ
, donc rien ne devrait se reconstituer, la PCR n’est qu’une technique de «
réparation
». L'ADN retrouvé à la fin provient donc vraisemblablement d’une
contamination
du matériel lors de sa manipulation.
Luc Montagnier avance comme
preuve
que les séquences d’ADN de départ et d’arrivée sont
identiques à 98%
. Information troublante à première vue, mais inepte en réalité, car deux individus quelconques pris au hasard partagent en moyenne
99.5% de leur génome
.
L’expérience a été très médiatisée mais l’étude n’a été
publiée
que
5 ans après
, le 22 juin 2015, date à laquelle on n’a pu que constater l’ampleur du problème : mesures enregistrées
de façon artisanale
,
pas d’échantillon témoin
, pas de prise en compte des
variabilités statistiques
(marge d'erreur, incertitude, écart type),
pas de répétitions
, aucune
équation
d’aucune sorte alors que l’explication proposée concerne la théorie quantique des champs et
remettrait en cause toute la physique moderne
de Einstein à la mécanique quantique. Toute l’expérience est grotesque, mais le mal est fait, les journalistes s’étaient jetés sans esprit critique sur l’aubaine de titrer « révolution scientifique » et l’opinion publique est dupée durablement.

En 2010, Luc Montagnier s’est
exilé en Chine
pour diriger un institut de recherche à Shanghai où il poursuit des recherches sur « la formation dans l'eau de nanostructures induites par l'ADN ». Son parcours global restera riche en coups d’éclats :
En 2012, il proposait de
soigner l'autisme
(dû selon lui à des microbes) par une
surdose d’antibiotiques
. Selon son observation sur un groupe de 97 autistes de 7 ans, 55% présentaient une amélioration des symptômes. Il précise quand même qu'il serait bon de
confirmer ses résultats par des essais contrôlés
avec cas-témoin, chose qu'il n'a donc pas faite. L’
académie de médecine
a jugé bon de réagir à cette déclaration (via le spécialiste émérite de l'autisme en France, Gilbert Lelord) en communiquant que ces
observations cliniques isolées
doivent être accueillis avec prudence, et qu’il serait « déraisonnable de donner des espoirs injustifiés » vu que ces résultats n’ont été
reproduits par aucune équipe médicale
.
A l'occasion d'une visite privée au Vatican en 2002, il avait prescrit au pape Jean-Paul II de la
papaye fermentée
pour soigner son
parkinson
. Aujourd’hui se vend toujours, pour une cinquantaine d’euros, «
Immun'Age
», un produit « recommandé par le professeur Luc Montagnier », bien que son efficacité ait été contestée par l’Afssa en 2004.
Montagnier affirme aussi que les
pesticides
et les
rayonnements électromagnétiques
sont peut-être impliquées dans l’autisme. Il effectue des travaux sur la « résonnance magnétique de l'ADN à base fréquence » et sur le « stress oxydatif » qui serait selon lui la cause de beaucoup de maladies, y compris le sida. Il affirme « avec un bon système immunitaire,
votre organisme peut se débarrasser du HIV
». Cette affirmation est réfutée par la communauté scientifique, y compris par Françoise Barre-Sinoussi, sa cotitulaire du prix Nobel, qui contrairement à lui s’appuie sur des données scientifiques.

Le
défi Science & Vie
. En 1988, un
protocole de test de l’homéopathie
a été proposé par Jacques Theodor à Boiron. Un défi leur a été lancé, sous la forme d’un appel à la preuve, avec à la clé un prix « mémoire de l’eau » de 2 millions de francs. Le défi n’a pas été relevé, le
protocole a été refusé
par Boiron.





L’homéopathie inoffensive ?


Aujourd’hui l’homéopathie s’éloigne de plus en plus de ses stricts principes de dilution et propose parfois des préparations contenant également des
principes actifs
(sous forme de phytothérapie par exemple). Mais qui dit principe actif dit
effet possible
, et dans ce cas l’homéopathie devrait être traitée comme n’importe quel autre médicament du marché (tests, autorisations, surveillance stricte). Il n’est par ailleurs jamais exclu, si le process de fabrication est mal contrôlé, que des produits utilisés se retrouvent en
quantité non négligeable
dans le produit final.
En 2009, la FDA avait recommandé de ne plus utiliser le
Zicam
, un traitement contre le rhume, après que plus de
130 personnes eurent perdu l'odorat
.
En 2016 aux Etats-Unis, un gel « premières dents » à base de
belladone
est suspecté d’être responsable de la
mort de 10 nourrissons
. Après analyse par la FDA, certains lots contenaient de hauts niveaux d’atropine et de scopolamine (jusqu’à 1 microgramme) attestant d’un « processus de fabrication mal contrôlé ».

Il est tout aussi problématique que des traitements homéopathiques puissent en venir (quelle qu’en soit la raison) à
se substituer
à d’autres traitements, dont l’efficacité est prouvée. Il y a là un problème éthique assimilable à de la
maltraitance
ou à
non-assistance à personne en danger
. Jouer sur les mots et proposer des solutions « pour accompagner un patient atteint de cancer » ou « alternative au vaccin » est une démarche ambigüe, dangereuse, et à la limite de la charlatanerie.




En détail, l’oscillococcinum


Ce traitement a été mis au point
en 1917
par Joseph Roy, qui en étudiant le sang de malades de la grippe espagnole, y découvre un
nouveau micro-organisme
, qu’il nomme
oscillocoque
. Il observera également ce germe dans d’autres pathologies (cancer, infections, syphilis, herpès, etc.) et décidera (pour des raisons inconnues) d’utiliser le
foie et le cœur de canards de Barbarie
putréfiés pendant 40 jours, pour cultiver l’oscillocoque. Il constate globalement qu’injecter sa préparation provoque un symptôme fiévreux, cependant :
L'existence de l'
oscillocoque
n'a
jamais été confirmée
depuis. Les observations de Roy n'ont
jamais été reproduites
, et actuellement, même les défenseurs de l'homéopathie admettent que l’
oscillocoque n'existe pas
.
Il n’existe pour l’oscillococcinum
aucune pathogénésie
(aucune liste d’effets ou de symptômes précis que provoquerait cette substance) alors que c’est la condition indispensable pour faire valoir le
principe de similitude
. Que ce soit dans son indication initiale,
contre le cancer
, ou aujourd’hui,
contre la grippe
, rien n’autorise à faire un quelconque lien entre le canard et ces maladies (si ce n’est, pour la grippe, à interpréter l’expression populaire « un froid de canard »).

L’
oscillococcinum
est donc une préparation homéopathique, dynamisée,
à 200CH
, à base d'autolysat filtré de foie et de cœur de canard de Barbarie. A quelle
concentration
est présent ce « principe actif » ?
Comparons avec les concentrations
naturellement présentes dans le corps humain
d’arsenic et de radium, des substances hautement toxiques à fortes doses, mais déjà sans aucun effet à nos concentrations corporelles :
0.000007% d’
arsenic
dans le corps humain.
0.00000000000003% de
radium
dans le corps humain.
0,0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
0000000000000000000001% de
foie et cœur de canards de Barbarie
dans l’oscillococcinum.

Pour une dilution à
200CH
, il faudrait diluer 1 cm
3
du « principe actif » dans 100
200
cm
3
d’eau, soit infiniment plus d’eau qu’il n’en a jamais existé dans tout l’univers.
Statistiquement, pour trouver
une seule molécule
de « principe actif », il faudrait donc
explorer 10
320
univers
(avec pour référence d’univers notre « univers observable », soit une sphère de 90 milliards d'années-lumière de diamètre).
Vous avez plus de
chances
de gagner
50 semaines de suite à l’euromillion
, que de trouver une seule molécule de « principe actif » dans l’oscillococcinum.

On peut donc affirmer sans trop de risque qu’il n’y a pas une seule molécule de « principe actif » dans l’oscillococcinum, et donc que l’
ingrédient
indiqué sur l’emballage
n’existe pas dans le produit
.

Ainsi, ce traitement, initialement
destiné à soigner le cancer
, est aujourd’hui censé traiter une maladie
pas clairement définie
, grâce à l’utilisation d’un germe qui
n’a jamais existé
(oscillocoque), cultivé sur des
abats putréfiés pendant 40 jours
(foie et cœur de canard de barbarie), et dilué à une concentration où il faudrait
explorer plusieurs milliards de puissance de milliards de fois notre univers observable
pour y trouver ne serait-ce qu’
une seule molécule
de son « principe actif », le tout
en contradiction avec les deux principes de base de l’homéopathie
; « la
similitude
» (il n’y a aucun rapport entre le prétendu traitement et la grippe) et « l’
individualisation
» (granules en vente libre et en automédication, sans consultation homéopathique).




En vrac


Encore quelques informations supplémentaires, ainsi qu’une liste de
vidéos
en source pour approfondir le sujet.

20% de la production
homéopathique mondiale est consommée par seulement
1% de la population mondiale
(la France).
L’
allopathie
est un terme inventé et utilisé
seulement par les homéopathes
(et qui ne veut rien dire, ou alors les vaccins sont de l’homéopathie et la phytothérapie de l’allopathie).
Les
teintures mères
proviennent d’ingrédients parfois surprenants : des substances
organiques
(pétrole, naphtaline), certaines
hormones
, des produits
minéraux
(du sel dans Natrum muriaticum, du phosphate de chaux dans Calcarea Phosphorica, des cendres de lave du mont Hekla en Islande dans Hekla Lava, du mur de Berlin dans Murus Berlinensis), des produits dérivés d’
animaux
(abeilles, fourmis, araignées, serpents, des venins de Naja, de Vipera redi), des
rejets médicaux
(crachat de coquelucheux, raclure de chancre syphilitique, pus urétral de blennorragie, extrait de biopsie de tumeurs du sein dans Carcinosinum), et de nombreux
végétaux
, mais surtout pas de menthe ou de menthol (qui on ne sait pourquoi annuleraient les effets).
Selon Hahnemann lui-même,
le sucre n’est pas un bon support
pour l’homéopathie : « En général, il est
incroyable combien ce médicament
, de même que tout autre,
perd de sa force
lorsqu'on le fait prendre
sur du sucre
».
Où se retrouvent les
dilutions intermédiaires
(…197, 198, 199CH) quand on fabrique de l’oscillococcinum à 200CH ou n’importe quel autre produit homéopathique ? Ces dilutions (dynamisées)
sont-elles désactivées
avant leur rejet dans l’environnement ? Rien qu’avec l’urine des consommateurs, qui contient toute la mémoire des médicaments homéopathiques consommés, et en considérant les cycles de l’eau, c’est la nature tout entière qui devrait être
saturée de remèdes homéopathiques
en tout genre, et donc nous guérir d'absolument tout ce que l'homéopathie guérit.
L'
eau
(robinet ou bouteille) contient
naturellement
de très nombreux
atomes ou molécules
,
Antimoine
,
Arsenic
,
Baryum
,
Benzène
,
Benzopyrène
,
Bore
, etc. Ainsi, à chaque nouvelle dilution, ces composés, déjà présents ou renouvelés, donnent
toutes les préparations homéopathiques
correspondantes. Oscillococcinum 200CH contient donc aussi
Antimonium tartaricum
1CH à 200CH,
Arsenicum album
1CH à 200CH,
Baryum Metallicum
1CH à 200CH,
Benzolum
1CH à 200CH,
Benzopyrène
1CH à 200CH,
Borium
1CH à 200CH, etc.
Le principe de
similitude
n’est pas respecté pour des préparations comme
Arnica Montana
qui est utilisée pour les mêmes indications (douleurs légères) que ce soit en phytothérapie et en homéopathie.
Le principe d’
individuation
n’est pas respecté pour des substances comme
Oscillococcinum
ou
Sédatif PC
qui sont vendues librement, en
automédication
, pour des traitements
symptomatiques
.
Contrairement aux affirmations des homéopathes, la complexité du principe d’individuation ne rend absolument pas impossible un
protocole de test
. Puisque l’homéopathie est censée marcher sur les plantes et les animaux, il suffit de tester l’efficacité sur une population plante et/ou animaux. On laisse les homéopathes
faire les prescriptions
, mais on fait intervenir une personne neutre
pour administrer
ou pas (50/50%) les traitements. Ensuite, on demande aux homéopathes sur quels individus le remède a fonctionné, et on vérifie que le taux de réussite est bien
supérieur au hasard
.


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